Une décennie d’exil syrien: présences et inclusion en Europe
Une décennie d’exil syrien : présences et inclusion en Europe – Dans le cadre des 10 ans de l’immigration Syrienne en Europe, Sarah Dégée et Altay Manço de l’IRFAM*, ont dirigé cet ouvrage collectif sur le sujet. Un ouvrage qui compte plusieurs auteurs issus de différents horizons. Des économistes, des psychologues, des sociologues, des juristes, des spécialistes en études genre, des artistes, des poètes, des migrants, etc.
Livre une décennie d’exil syrien
Dans ce contexte, Jean-Claude Métraux, pédopsychiatre FMH et moi-même avons eu l’honneur de participer à l’écriture au travers d’un article basé sur notre expérience de psychothérapeutes avec un population de patients venus d’ailleurs.
Ce livre est un regard croisé sur les questions de migrations au travers de la sensibilité de tous ces acteurs oeuvrant dans le domaine de la migration.
Il nous plonge dans une ambiance différente au fil des pages et des articles que nous proposent les auteurs.
Il est donc un bon outil pour avoir une compréhension plus réaliste des enjeux de cette guerre en Syrie.
Contexte: une guerre des mots
Dans le cas particulier de la guerre en Syrie, il est important de comprendre que la dictature sous le régime de Bachar Al Assad a non seulement assassiné des millions de personnes mais a aussi assassiné le récit de ces gens là.
La différence entre ce que Bachar Al Assad dit et fait est abyssale et la population est invitée à garder le silence pour préserver l’image du dictateur auprès de la politique internationale, sous peine d’être torturé ou pire, assassiné. Ainsi, cette guerre tue également les mots. Des mots qui sont importants pour nous psychothérapeutes car nous considérons que les mots ont aussi le pouvoir de soigner.
« Tous Syriens, tous Humains »
Dans notre article écrit à quatre mains avec Jean-Claude Métraux, nous avons invité le lecteur dans certains extraits de nos séances de psychothérapie avec de jeunes patients Syriens. Venus d’Alep et d’ailleurs, nous verrons comment ces jeunes évoluent dans notre système Suisse.
Les enjeux sont nombreux, ces jeunes doivent s’intégrer dans un système scolaire qui ne tient parfois pas compte de leur expérience migratoire et de leur sensibilité. Parfois ces jeunes, du haut de leur 17 ans, ont porté des familles entières en l’absence de leur père emprisonné ou disparu dans la guerre.
Intervention de Sonia Ciotta psychologue psychothérapeute à Genève lors de la conférence en ligne
Provoquer une rencontre
Dans nos consultations nous verrons comment, même en l’absence d’une menace réelle d’attaque, ces jeunes portent en eux, au minimum une hypervigilence , au maximum un syndrome post-traumatique , qui leur fait voir la réalité teintée d’une agressivité à leur égard. Parfois réelle, parfois fantasmée, cette agressivité fait son chemin en conditionnant leur relations aux autres.
Infiltrée entre eux et nous, cette hostilité est accueillie et travaillée de façon à provoquer une vraie rencontre. Cette rencontre qui est rendue impossible si l’on s’arrête à la catégorie « Syrien » qui est construite par cette décennie d’images de guerre médiatisées.
Passer de la catégorie « Syrien » à la catégorie « Humain »
Ainsi, le lecteur est invité à une prise de conscience de comment en tant qu’occidentaux nous sommes happés par cette vague médiatique qui touche cette guerre en Syrie. Il s’agira de sortir de cette emprise afin de rencontrer l’Autre dans ce qu’il y a de fondamentalement semblable à nous.
Nous sommes tous des êtres souffrants, vieillissants, nous avons tous des émotions, nous sommes tous soumis à la finitude. Au nom de ces « similitudes fondamentales » il nous est possible de rencontrer l’autre dans son humanité. Nous transiterons donc de la catégorie « Syrien » à la catégorie « humain ».
*Institut de Recherche, Formation et Action sur les Migrations – est un organisme d’éducation permanente au service des professionnels de l’action sociale, de l’éducation, du développement culturel et économique. (Accéder au site de l’IRFAM).